Warren Buffett n’est pas seulement un milliardaire philanthrope. C’est aussi un investisseur de légende, qui a bâti sa colossale fortune à coups d’investissements judicieux dans des sociétés cotées, pendant plusieurs longues décennies. Qu'on en juge. Au cours des 55 dernières années, sa société d’investissement Berkshire Hathaway a vu sa valeur progresser de… 2.744.062%, rapporte la dernière lettre aux actionnaires, soit un gain annuel moyen de 20,3%, plus de 2 fois supérieur à la rentabilité du S&P500 (dividendes inclus), indice actions phare de Wall Street.
Résultat, alors que Warren Buffett (qui soufflera bientôt ses 90 bougies) n’a pas démarré sa vie en tant que richissime héritier, sa fortune pointe désormais au cinquième rang mondial, selon Forbes, avec un montant imposant de 80 milliards de dollars. Malgré cette manne, le milliardaire est loin de mener grand train et cultive une certaine austérité. Né à Omaha dans le Nebraska, il continue à y vivre, dans la maison qu’il a achetée en 1958 pour 31.500 dollars. Et ce n’est que depuis peu qu’il a troqué son téléphone à clapet pour un smartphone. On l’a compris, ce n’est pas un “flambeur”. Il passe une bonne partie de ses loisirs à regarder la télévision, méditer et jouer au bridge. Et, loin de fréquenter des restaurants onéreux, il se contente souvent de plats McDonald’s et préfère le Coca Cola aux grands crus. "Je n'ai pas besoin de vêtements chics. Je n'ai pas besoin de haute cuisine", a-t-il indiqué à CBS en 2013. Pour autant, le parcours de celui que l’on surnomme le “sage d’Omaha” est riche d’enseignements, pour l’investisseur en actions. Tour d’horizon.
Fils d’un courtier en Bourse et petit-fils d’épicier, Warren Buffet a d’abord été un homme d’affaires pour le moins précoce. Selon la biographie The Snowball : Warren Buffett and the Business of Life, il a vendu dès l’âge de 7 ans des chewing-gums, puis du Coca Cola. Entrepreneur dans l’âme, “il a utilisé ses économies pour acheter des flippers, prenait très au sérieux la livraison de journaux, en tirait un bon profit et lavait des voitures”, rapporte la société de gestion Schroders.
Il s’est intéressé très tôt aux actions (une bonne chose, quand on sait que le placement en Bourse est particulièrement rémunérateur sur très longue période). “À 10 ans, il faisait grimper le cours des actions au sein d’une société de courtage en Bourse régionale. Et il avait tout juste 11 ans lors de l’achat de ses premières actions”, indique la société de gestion. Investisseur précoce, Warren Buffett a bénéficié à plein de la magie des intérêts composés (c’est-à-dire “les intérêts des intérêts”). C’est “l’effet de générer de l’intérêt en plus de l’intérêt accumulé précédemment, et c’est la raison pour laquelle commencer à investir jeune vous donne un avantage majeur”, explique Schroders.
Marchant dans les pas de son père, il est devenu courtier en Bourse après ses études supérieures. Dès 31 ans, il est devenu millionnaire. Il va alors investir dans l’entreprise textile Berkshire Hathaway, dont il finira par prendre le contrôle, et dans American Express, après un trou d’air sur les actions en 1964 suite à une fraude fiscale. Transformée en véhicule d’investissement dans des sociétés, Berkshire Hathaway ne va pas cesser de grossir au fil des décennies, au point qu’elle vaut actuellement pas moins de 508 milliards de dollars, au cours actuel de l’action (320.000 dollars !). Warren Buffett a misé sur des actions de multinationales en essor durable, comme Disney, Coca Cola, Gillette, Apple, Goldman Sachs. Avec un succès certain, en dépit de quelques erreurs.
Warren Buffett a été nommé en 1999 meilleur investisseur du XXème siècle, devant des légendes de l’investissement tels que Peter Lynch ou John Templeton, suite à une enquête de la société de conseil Carson Group. En 2008, il devient l'homme le plus riche du monde avec un patrimoine estimé à 62 milliards de dollars (selon le magazine Forbes). Sa méthode d’investissement consiste à miser sur des actions de sociétés disposant de solides atouts (fortes positions concurrentielles, etc.) et dont le prix (le cours de Bourse) est inférieur à leur juste valeur estimée et ce, sur la durée.
Warren Buffett est d’ailleurs d’avis que “si détenir une action pendant 10 ans vous met mal à l’aise, vous ne devriez pas la détenir 10 minutes”, rapporte Schroders. Le milliardaire philanthrope a une stratégie de long terme, associée à la méthode d’investissement dite value (acheter des actions censées valoir plus que le cours de Bourse), que lui a enseigné Benjamin Graham, son mentor et professeur à l’École de commerce de Columbia. L’investisseur intelligent, ouvrage de référence de Benjamin Graham, est ainsi fondamental dans sa stratégie d’investissement. Détenir des actions à long terme permet de démultiplier la valeur de son investissement, tout en minimisant les frais de courtage (!).
Warren Buffett est aussi un adepte de l’investissement contrarien, qui consiste à investir dans le sens opposé à la foule. Autrement dit, à acheter quand le gros des investisseurs a peur et vendre au son du violon, quand l'euphorie est à son comble. Lors des “périodes effrayantes, gardez en tout temps ces deux choses en tête : premièrement, la peur généralisée est l’amie de l’investisseur, car elle permet de réaliser de très bonnes affaires. Deuxièmement, votre propre peur est votre ennemie”, souligne ainsi Warren Buffet dans la lettre aux actionnaires de 2016.
Le milliardaire recommande aussi de n’investir que dans les entreprises dont on comprend le métier. C’est d'ailleurs pour cette raison qu’il a longtemps boudé le secteur des hautes technologies même s’il a, au cours des dernières années, fini par investir massivement dans Apple.
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Il faut aussi préférer, selon lui, les entreprises dégageant des profits réguliers aux sociétés déficitaires, même si elles disposent a priori de perspectives attrayantes. Lors du krach Internet de 2000-2001, quand le soufflé spéculatif s’était effondré, pour les nombreuses start-up déficitaires du secteur des hautes technologies, Warren Buffett avait ironisé, en jugeant qu’il valait mieux “avoir une fiancée sur son canapé que 10 sur son carnet d’adresses”.
Enfin, il faut se garder de toute diversification excessive, pour son portefeuille d’actions. Car si diversifier fortement permet de lisser les risques du portefeuille, cette stratégie présente plusieurs inconvénients : elle se traduit par plus de frais de courtage, elle empêche de bien connaître chacune des valeurs de son portefeuille et elle empêche souvent l'investisseur de vraiment se démarquer de la performance moyenne du marché d’actions. “La diversification, c’est pour les nuls”, a un jour asséné le milliardaire philanthrope…
Par capital.fr
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