Au terme d'un vol de plus de 13 heures, Mme Meng est arrivée samedi vers 22 h (heure locale) à l'aéroport international de Shenzhen Bao'an, sous les acclamations de la foule.
Tapis rouge et bouquets de fleurs l'attendaient sur le tarmac, où elle a prononcé un discours avec émotion.
Je suis enfin revenue au sein de la mère patrie. Comme tout citoyen chinois traversant une période difficile, j'ai toujours ressenti la chaleur et la sollicitude du Parti, de la nation et du peuple.
Sans cette patrie, a-t-elle poursuivi, je n'aurais pas la liberté que j'ai aujourd'hui
.
Dans le hall des arrivées, des centaines de personnes étaient massées avec une banderole de bienvenue, chantant En avant Huawei
et l'hymne national, les médias chinois présentant son retour comme une victoire et le fruit des efforts inlassables du gouvernement chinois
pour sa libération.
Une entente
Arrêtée le 1er décembre 2018 à Vancouver à la demande des États-Unis, Meng Wanzhou était accusée de fraude bancaire et d'avoir violé les sanctions américaines contre l'Iran.
Après avoir été assignée à résidence pendant plus de 1000 jours, la directrice financière de Huawei a pu quitter le Canada vendredi, grâce à une entente convenue avec la justice américaine.
Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, Mme Meng a été victime d'une « détention arbitraire » orchestrée par les États-Unis et le Canada. Pékin considère depuis longtemps que cette affaire relève de la persécution politique à l'endroit d'un citoyen chinois
.
Les soi-disant accusations de "fraude" visant Mme Meng Wanzhou sont purement inventées.
Aux yeux du gouvernement chinois, l'arrestation de Mme Meng est en réalité un acte destiné à nuire aux entreprises chinoises de haute technologie
.
En Chine, le fait que Mme Meng a reconnu les faits a été effacé d'Internet. Elle les a toujours niés et a plaidé non coupable
vendredi.
L'accord ne concerne que Meng Wanzhou : le département de la Justice américain a dit préparer l'ouverture d'un procès contre Huawei et être impatient de pouvoir présenter ses arguments devant la justice.
Huawei a déclaré samedi dans un communiqué qu'il continuera à se défendre
contre les allégations de la justice américaine selon lesquelles il aurait contourné les sanctions contre l'Iran.
Les médias chinois ne soufflent mot sur les Michael
Les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, emprisonnés par les autorités chinoises depuis l'arrestation de Meng Wanzhou, ont été libérés peu de temps après que la Cour suprême de Colombie-Britannique eut avalisé l'accord entre la cadre de Huawei et la justice américaine.
Si les médias d'État chinois, à commencer par l'agence de presse Xinhua, n'ont pas manqué d'attribuer la libération de Mme Wanzhou aux « efforts incessants » de Pékin – d'autres parlant même de « trois années douloureuses » pour la directrice de Huawei –, aucun d'entre eux n'a évoqué la libération des deux Michael.
Leur détention a toujours été perçue par le Canada et ses alliés comme un acte de représailles de la part du gouvernement chinois après l'arrestation de Meng Wanzhou. Certains observateurs ont vu dans cette rapide libération le signe que les deux cas étaient bel et bien liés.
La Chine a nié avoir détenu en otages Michael Spavor et Michael Kovrig pour des raisons diplomatiques, martelant que leur emprisonnement n'était lié d'aucune façon à l'arrestation de Mme Meng.
En août dernier, l'homme d'affaires Michael Spavor a été condamné à 11 ans de prison par un tribunal chinois pour espionnage et divulgation illégale de secrets d'État à d'autres pays. Sa peine prévoyait son expulsion du pays, mais aucune date n'avait été dévoilée.
L'ancien diplomate Michael Kovrig faisait lui aussi face à des accusations d'espionnage. Sa sentence n'était toutefois pas encore connue.
Au lendemain de leur libération, les deux Canadiens ont été mentionnés dans quelques messages publiés sur le réseau social chinois Weibo, mais ceux-ci n'ont suscité que de rares réactions.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rapidement salué la décision des autorités chinoises de libérer les deux Canadiens après leur détention arbitraire
.
L'accord pourrait susciter des critiques à l'encontre du président américain Joe Biden, accusé par certains à Washington de capituler face à la Chine et à l'un de ses groupes les plus puissants, au coeur d'une bataille technologique entre les deux pays.
radio-canada.ca Avec les informations de Reuters et Agence France-Presse
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