L'administration de Donald Trump, dont le mandat de président des États-Unis s'achève le 20 janvier, a tenté, lundi 11 janvier, de saper un éventuel rapprochement entre le futur gouvernement américain de Joe Biden et Cuba en inscrivant à nouveau l'île sur la liste noire des "États soutenant le terrorisme".
"Le département d'État a classé Cuba comme État soutenant le terrorisme pour avoir apporté son soutien de manière répétée à des actes de terrorisme international en donnant refuge à des terroristes", a annoncé le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, à neuf jours de l'entrée en fonctions du président élu démocrate.
"Avec cette mesure, nous allons à nouveau tenir le gouvernement de Cuba pour responsable et envoyer un message clair : le régime Castro doit mettre fin à son soutien au terrorisme international et à la subversion de la justice américaine", a-t-il ajouté dans un communiqué, en évoquant les anciens dirigeants cubains Fidel et Raul Castro.
Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a aussitôt dénoncé l'"opportunisme politique" de l'administration Trump, "reconnu par tous ceux qui se soucient avec honnêteté du fléau du terrorisme et de ses victimes".
Cuba rejoint sur cette liste noire l'Iran, la Corée du Nord et la Syrie. Le Soudan vient d'en être retiré par Donald Trump.
La Havane avait de son côté quitté la liste en 2015, lors du rapprochement spectaculaire opéré par l'ancien président démocrate Barack Obama, dont Joe Biden était le vice-président. La même année, les deux pays ennemis avaient rétabli leurs relations diplomatiques pour tenter de tourner la page de la Guerre froide.
Lors d'une visite historique en 2016 à Cuba, Barack Obama était même devenu le premier président américain en exercice à fouler le sol cubain depuis la révolution castriste de 1959.
Biden veut éliminer les "restrictions"
Mais durant les quatre années de son unique mandat, Donald Trump, s'adressant volontiers à l'importante communauté d'exilés cubains de Floride, un électorat-clé dans un État clé, n'a cessé de revenir sur la politique d'ouverture de son prédécesseur et de durcir, plutôt que de lever, le sévère embargo imposé à l'île des Caraïbes depuis 1962
L'inscription sur la liste noire devrait encore davantage entraver les investissements étrangers à Cuba.
Elle apparaît aussi comme une tentative de dernière minute de rendre plus difficile toute volonté du futur président Biden de renouer avec le pouvoir communiste de La Havane.
Le démocrate avait affirmé durant sa campagne qu'il procéderait rapidement à "l'élimination des restrictions de Trump sur les transferts d'argent et les voyages" qui nuisent aux Cubains et séparent les familles.
S'il souhaite annuler la sanction de lundi, il devra toutefois attendre et se plier à un processus juridique complexe et souvent long : le département d'État devra engager une analyse formelle afin de pouvoir déclarer que le pays n'a pas eu de liens terroristes au cours des six derniers mois.
Mike Pompeo, un faucon et pilier du trumpisme, semble vouloir profiter de ses derniers jours à la tête de la diplomatie américaine pour enfoncer jusqu'au bout le clou contre les principales bêtes noires des conservateurs américains, comme Cuba, l'Iran ou la Chine, en multipliant les sanctions.
"L'administration Trump s'est efforcée depuis le début de nier au régime Castro les ressources qu'il utilise pour opprimer son peuple, et à contrer ses ingérences néfastes au Venezuela et dans le reste du continent américain", a-t-il déclaré dans son communiqué.
Il a accusé le gouvernement cubains d'avoir "nourri, logé et soigné pendant des années des meurtriers, des artificiers, des pirates de l'air, pendant que de nombreux Cubains manquent de nourriture, d'un toit et des médicaments de base".
Il a invoqué, pour justifier sa décision, le refus de La Havane d'extrader vers la Colombie dix chefs de l'Armée de libération nationale (ELN) après l'attentat de janvier 2019, revendiqué par le groupe, contre l'école de cadets de Bogota, qui a tué 22 personnes.
"Cuba accueille aussi plusieurs Américains échappant à la justice, recherchés ou inculpés de violence politique", a-t-il ajouté.
Par France 24 Avec AFP
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