La résilience de l’économie chinoise

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A Wuhan (Chine), le 28 septembre 2020. 
Editorial. Premier pays touché par l’épidémie de Covid-19, la Chine renoue déjà avec des résultats

économiques probants. Ce relatif succès et la domination qui en découle pourraient relancer les tensions commerciales avec les Etats-Unis et l’Europe.

Editorial du « Monde ». Dans sa volonté de devenir la première puissance économique du monde, la Chine vient incontestablement de marquer des points. Elle devrait être la seule économie majeure à poursuivre son expansion en 2020, selon les projections du Fonds monétaire international (FMI). Pendant que les Etats-Unis et l’Europe sont empêtrés dans une deuxième vague de Covid-19, Pékin, grâce à une meilleure maîtrise de l’épidémie, a retrouvé plus rapidement le chemin de la croissance.

Le produit intérieur brut (PIB) chinois a progressé de 4,9 % au troisième trimestre, selon les statistiques publiées lundi 19 octobre. Sur l’année, le FMI prévoit une croissance légèrement inférieure à 2 %, contre un recul de 4,3 % aux Etats-Unis et de 8,3 % dans la zone euro. La comparaison est cruelle.

Certes, Pékin n’a pas pu éviter un décrochage par rapport à 2019 (le PIB avait progressé de 6,1 %). Certes, les chiffres dans ce pays sont toujours sujets à caution. N’empêche, l’économie chinoise fait preuve d’une certaine résilience.

Si le pays porte une responsabilité majeure dans la propagation du virus en ayant caché à la communauté internationale la gravité de la situation en janvier à Wuhan, premier épicentre de la pandémie, il faut reconnaître que le régime de Xi Jinping a réussi à endiguer le fléau pour faire repartir au plus vite son économie. Quand l’Europe et les Etats-unis déplorent chaque jour des dizaines de milliers de cas de contamination, Pékin parle d’une douzaine de malades.

Absence de filet social

Au-delà du tableau idyllique que le régime veut donner, le pays ne sort pas indemne de cette période. La croissance reste insuffisante pour endiguer le chômage. En l’absence de filet social, que ce soit en matière de santé, de retraite ou d’éducation, des millions de Chinois ont basculé ces derniers mois dans la précarité. Rien ne dit que la reprise de la consommation observée cet été sera durable, d’autant que la hausse de l’endettement des ménages prend des proportions inquiétantes.

Sur le plan industriel, l’économie chinoise s’est remise en ordre de marche dès le mois d’avril. La montée en puissance de la production a permis à la Chine d’augmenter sa part des exportations mondiales. Profitant des mesures de confinement à l’étranger, Pékin a massivement exporté du matériel médical pour suppléer aux pénuries mondiales, ainsi que du matériel informatique, alors que les entreprises occidentales basculaient vers des mesures de télétravail. Parallèlement, les plans de soutien à la consommation des gouvernements étrangers ont alimenté la demande d’importations en provenance de Chine.

La relance de l’excédent commercial chinois, qui avait chuté ces dernières années, n’est pas sans risque. Elle est de nature à nourrir les ressentiments vis-à-vis d’un pays qui refuse toujours de se conformer aux règles du commerce international. Entre les transferts de technologie imposés aux firmes étrangères, le manque de transparence des subventions publiques et la question des surcapacités industrielles qui incitent à pratiquer le dumping, les sujets de friction sont nombreux.

Les Etats-Unis de Donald Trump ont été les premiers à se rebeller. Quel que soit le prochain président américain, la tension avec Pékin ne va pas s’apaiser d’elle-même. Quant aux Européens, ils semblent prêts à se départir de la naïveté dont ils ont fait preuve ces dernières années en tenant un langage plus ferme. La Chine repart plus vite, mais son relatif succès pourrait rallumer une guerre commerciale qui risque de prendre cette fois une dimension mondiale.

Par Le Monde

 

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