Pourquoi Trump a tort de relativiser la situation aux États-Unis avec ce chiffre

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Lors d'un échange tendu avec un journaliste d'Axios, le président américain Donald Trump a soutenu que les chiffres de l'épidémie de coronavirus aux États-Unis sont

Face au journaliste Jonathan Swan, le président américain a brandi le taux de mortalité du coronavirus aux États-Unis pour relativiser la situation sanitaire du pays. Erreur.

ÉTATS-UNIS - Les chiffres de l’épidémie de Covid-19 aux États-Unis sont-ils vraiment “inférieurs à ceux du reste du monde”? C’est ce qu’a soutenu Donald Trump face à un journaliste du média Axios, dans une interview particulièrement tendue ayant suscité de nombreuses réactions outre-Atlantique depuis sa diffusion ce mardi 4 août.
Le président américain était interrogé sur les courbes ascendantes du coronavirus aux États-Unis, de loin le pays le plus endeuillé par la pandémie: plus de 155.000 personnes sont mortes du virus et 4,7 millions de cas ont été enregistrés, selon le comptage fait lundi par l’université Johns Hopkins, dont les bilans font référence. La conseillère spécialisée auprès de la Maison Blanche a estimé dimanche que le pays était entré dans une “nouvelle phase” de l’épidémie, désormais très largement répandue sur le territoire, y compris dans les zones plus rurales.
Graphiques en main, Donald Trump a pourtant assuré, face au journaliste Jonathan Swan, que l’épidémie était “sous contrôle”. “Ici, les chiffres des morts aux États-Unis sont plus bas (que ceux d’autres pays) dans de nombreuses catégories, plus bas que le reste du monde, plus bas que l’Europe”, a-t-il lancé, suscitant l’interrogation et la consternation de son interlocuteur.
“Les chiffres recommencent à monter au niveau national”, lui rétorque ce dernier qui comprend, à la lecture des documents que lui tend le président américain, que l’interviewé a un référentiel bien particulier. “Vous prenez en compte le nombre de morts en proportion des cas. Moi je parle des morts en proportion de la population. C’est là que les États-Unis sont vraiment mauvais. Bien pire que la Corée du Sud, l’Allemagne, etc.”, tente-t-il de lui expliquer, comme vous pouvez le voir dans l’extrait ci-dessous.
“Vous ne pouvez pas faire ça!”, poursuit le président, qui insiste: “vous devez ramener ces chiffres au nombre de cas!”.

Un ratio plus flatteur pour Donald Trump

Comme le souligne le Washington Post, Donald Trump met en fait en avant le seul indice sur lequel, un mois plus tôt, les États-Unis “s’en sortaient bien”: le taux de mortalité du virus, soit le nombre de morts rapporté au nombre de cas. “Le nombre de cas montait brusquement dans le sud et l’ouest, mais les morts, dont les chiffres ont plusieurs semaines de retard sur le nombre d’infections, continuaient de descendre”, explique le journal américain.
“L’administration Trump a donc commencé à se concentrer sur ce ratio (...) Si un pays a 100 nouveaux cas et cinq morts par jour, son taux de mortalité est de 5%. Si les États-Unis ont 100.000 nouveaux cas et 1000 morts, leur taux de mortalité est de 1%. Autrement dit: un succès!”, illustre le Washington Post.
À noter que ce taux de mortalité est très incertain puisqu’il se base sur le nombre de cas déclarés, une donnée elle-même difficile à évaluer puisqu’elle ne tient pas compte des personnes asymptomatiques ou peu symptomatiques. Le nombre de cas déclarés est aussi très dépendant du nombre de tests effectués par un pays: plus un pays teste, plus il aura de cas déclarés, et plus le taux de mortalité pourra baisser.
La mesure couramment utilisée pour évaluer la situation sanitaire des pays face au coronavirus est en fait le nombre de cas, ou le nombre de morts, rapporté au nombre total d’habitants. La Belgique par exemple, qui recense moins de morts que le Royaume-Uni (9845 décès contre plus de 46.000), est pourtant le pays qui déplore le plus grand nombre de décès par rapport à sa population, avec 85 décès pour 100.000 habitants (contre 68 pour le Royaume-Uni), comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous.

Pour expliquer l’importance de ce critère à Donald Trump, le journaliste Jonathan Swan prend l’exemple de la Corée du Sud, parvenue à maîtriser l’épidémie grâce à une stratégie très poussée de tests et de traçage de contacts des personnes infectées, sans passer par le confinement obligatoire: ”51 millions d’habitants, 300 morts. C’est fou (par rapport aux autres pays)!” Ce à quoi le président américain répond que la Corée du Sud pourrait cacher ses véritables chiffres: “Vous ne pouvez pas être sûr (de leurs chiffres), et ils ont des pics”.
Après avoir reconnu courant juillet la gravité de la crise sanitaire dans le monde et sur son territoire, appelant clairement à porter le masque, Donald Trump a de nouveau envoyé des signaux contradictoires ces derniers jours, se posant en victime de critiques injustes sur sa gestion de la pandémie.

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