Mark Zuckerberg consolide son pouvoir chez Facebook

Loading...
0603181266087_web_tete.jpg
En un an, le PDG de Facebook a complètement transformé son conseil d'administration. Seuls quatre
des neuf membres du board présents au début de l'année 2019 sont encore là. Quatre administrateurs sont partis après avoir été frustrés par leur influence limitée, selon une enquête du « Wall Street Journal ».
Avec la crise sanitaire et économique déclenchée par le Covid-19, le changement est passé un peu inaperçu. Mais au cours des mois de février et mars, Facebook a complètement remanié son conseil d'administration. Le réseau social a annoncé l'arrivée de quatre nouveaux membres, après le départ de cinq administrateurs au cours des douze mois précédents.
Un tel niveau de turnover est exceptionnel pour une entreprise de cette taille : « entre le 1er avril 2019 et le 31 mars 2020, la moyenne pour les 100 plus grosses sociétés américaines cotées était d'1,2 », indique Courtney Yu, la directrice de la recherche d'Equilar, un cabinet spécialiste des conseils d'administration.
Des neuf membres du board en poste au début de l'année 2019, seuls quatre sont encore présents : Mark Zuckerberg, le PDG ; Sheryl Sandberg, la directrice opérationnelle ; et deux des premiers investisseurs de Facebook, Peter Thiel et Marc Andreessen.
Selon une enquête publiée mardi 28 avril dans le 'Wall Street Journal' , le patron de 35 ans a cherché à écarter les critiques pour renforcer encore plus son pouvoir sur l'entreprise qu'il a co-fondée il y a seize ans, et dont il possède 58 % de droits de vote grâce à des actions pesant chacune dix voix .

Refaire sa réputation

Cette consolidation a lieu alors que Mark Zuckerberg voit la crise du Covid-19 comme une opportunité pour refaire sa réputation et souligner le rôle positif de sa plateforme , après trois années difficiles (« fake news », traitement des données…). Interviews sur Facebook Live du gouverneur de Californie et de plusieurs scientifiques de renom, mobilisation de la fondation médicale qu'il a créé avec sa femme Priscilla Chan… l'entrepreneur a publié davantage sur son fil durant les quatre premiers mois de 2020 que sur la totalité de l'année dernière, selon Michael Zimmer, professeur à Marquette University et administrateur des Zuckerberg Files, une archive de toutes ses déclarations publiques.
Parmi les récents départs du conseil d'administration, on compte Kenneth Chenault, l'ancien PDG d'American Express, qui avait rejoint le réseau social en janvier 2018. Si sa nomination au board de Berkshire Hathaway est la raison officielle, le quotidien financier américain met en avant des désaccords avec Mark Zuckerberg sur le rôle de l'entreprise dans les élections, notamment sur son refus de vérifier la véracité des déclarations des élus. En mai 2019 déjà, Reed Hastings, le PDG de Netflix, et Erskine Bowles, l'ancien directeur de cabinet du président Bill Clinton, avaient quitté le conseil d'administration. Ce dernier aurait été irrité par la façon dont Mark Zuckerberg ignorait ses conseils politiques. 

Deux nouveaux alliés

Les trois nouveaux membres ajoutés en mars, dont Robert Kimmit, ancien sous-secrétaire du Trésor sous George W. Bush, et Tracy Travis, la directrice financière d'Estée Lauder, sont indépendants. Mais Mark Zuckerberg a aussi ajouté deux alliés au cours des douze derniers mois : son ami Drew Houston, le PDG de Dropbox , et Peggy Alford, ancienne directrice financière de sa fondation philanthropique.
« Les récents changements augmentent le nombre d'amis de Mark Zuckerberg au conseil d'administration, assurant la continuation de l'inaction du board. Rien n'indique que Zuckerberg et Facebook vont se réformer. Facebook et Instagram permettent à la désinformation de dominer la conversation politique aux Etats-Unis et constituent les outils utilisés par la droite pour organiser des manifestations armées contre le confinement », réagit Roger McNamee, l'un des premiers investisseurs dans Facebook, devenu depuis critique du groupe.
« Mark Zuckerberg construit une bulle autour de lui en ne peuplant pas son conseil d'administration de voix véritablement indépendantes », abonde Jonas Kron, le vice-président de Trillium Asset Management. Cette firme gérant 3 milliards de dollars d'actifs, dont 10 millions de dollars d'actions Facebook, se prépare à déposer pour la deuxième année de suite une résolution demandant à Mark Zuckerberg de renoncer à son poste de président pour conserver uniquement celui de directeur général, lors de l'assemblée générale du 27 mai prochain. Sa proposition avait reçu 68 % de votes positifs de la part des investisseurs extérieurs l'année dernière… pas suffisant face à la majorité dont dispose Mark Zuckerberg .
Anaïs Moutot (Correspondante à San Francisco)

Loading...

Related posts:

No responses yet for "Mark Zuckerberg consolide son pouvoir chez Facebook"

Post a Comment

Loading...