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Aux Etats-Unis, depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de Donald Trump et le boom de l’industrie du
schiste, la production américaine de pétrole ne cesse de grimper et de battre des records. La géopolitique énergétique mondiale en est bouleversée. Loin d’être réjouissantes, ces perspectives de production des Etats-Unis ont de quoi effrayer le reste du monde.Premier producteur mondial de pétrole
11,7 millions de barils par jour. C’est le niveau actuel de la production américaine de pétrole. Le pays est devenu, il y a quelques mois, le plus gros producteur de pétrole du monde devant la Russie avec 11,4 millions b/j et l’Arabie Saoudite avec 10,75 millions b/j. Un scénario qui était quasiment improbable fin 2016, en fin de mandat de Barack Obama et où la production nationale était alors d’environ 9 millions b/j.
Les USA sont devenus le plus gros producteur de pétrole du monde, et ce n’est qu’un début.
Mais une fois installée, l’administration Trump a décidé d’accompagner l’industrie agonisante du schiste afin de gonfler l’offre et maintenir les prix dans une fourchette très abordable. La mesure était censée faciliter la reprise industrielle. Malgré la controverse, des lignes de crédit ont été ouvertes à des centaines d’entreprises locales du schiste, dont le pétrole est encore plus polluant que son équivalent conventionnel.
Malgré la controverse, des lignes de crédit ont été ouvertes à des centaines d’entreprises locales du schiste, dont le pétrole est encore plus polluant que son équivalent conventionnel.
Ainsi, les entreprises ont pris d’assaut le bassin permien qui abrite 70 milliards de barils de pétrole de schiste, selon des chiffres du cabinet IHS MarKit. Par conséquent, deux ans après, la production a grimpé dans le pétrole de schiste et le gaz de schiste. En novembre 2018, les Etats-Unis, qui étaient autrefois importateurs nets de pétrole, en sont devenus exportateurs net. Cela, grâce à une exportation de 3,2 millions b/j et 5,8 millions b/j de produits pétroliers, indique l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Si l’AIE pense que la production américaine de pétrole de schiste devrait plus que doubler d’ici 2025 et qu’elle pourrait répondre à la hausse attendue de la demande globale, ce sont les perspectives à partir des années 2020 qui inquiètent.
61% de la nouvelle production mondiale de pétrole sera américaine
Compte tenu de l’engagement des pouvoirs publics et de l’évolution de l’offre, les Etats-Unis produiront 61% de la nouvelle offre mondiale de pétrole au cours de la prochaine décennie, prévoit un rapport de l’ONG Global Witness publié le 20 août dernier et intitulé « Les Etats-Unis sont prêts à noyer le monde dans du pétrole ».
En effet, ce niveau de production sera porté par les nouveaux projets en cours de développement dans le pays, notamment dans le bassin permien. Ces seuls nouveaux projets sont si importants que, s’ils aboutissent, ils éclipseront la future production du reste du monde.
Compte tenu de l’engagement des pouvoirs publics et de l’évolution de l’offre, les Etats-Unis produiront 61% de la nouvelle l’offre mondiale de pétrole au cours de la prochaine décennie.
Les chiffres sont hallucinants : le niveau de production des nouveaux gisements américains sera 20 fois supérieur à celui des nouveaux gisements de la Russie et plus de 1,5 fois supérieure à ceux de tous les autres producteurs du monde réunis.
Ainsi, les nouveaux projets américains produiront plus du double de ce que l'Arabie saoudite produit actuellement, soit plus de 21 millions de barils par jour !
Une catastrophe pour l’ambition mondiale d’enrayer les changements climatiques
Selon le scénario décrit par le rapport de Global Witness, le marché pétrolier sera inondé au cours de la prochaine décennie. Cela aura un impact certain sur les cours du combustible mais surtout sur les efforts pour enrayer les changements climatiques.
Selon le scénario décrit par le rapport de Global Witness, le marché pétrolier sera inondé au cours de la prochaine décennie. Cela aura un impact certain sur les cours du combustible mais surtout sur les efforts pour enrayer les changements climatiques.
Il faut savoir que plusieurs rapports scientifiques préconisent que pour éviter les effets néfastes des changements climatiques, la production globale d’énergie fossile devrait chuter d’au moins 40% pendant la prochaine décennie. Or, le scénario en présence est totalement contraire à cette idée. Au lieu de chuter de 40%, la production mondiale devrait exploser, portée par l’offre américaine.
A cet effet, les analystes de Global Witness disent : « L'avenir de notre climat changeant et de ses impacts de plus en plus dévastateurs à travers le monde sera façonné par la production future de pétrole et de gaz. Et si l'avenir de la production de pétrole et de gaz est déterminé par ce qui se passera dans les nouveaux projets, il sera déterminé par ce qui se passera aux États-Unis au cours de la prochaine décennie ».
Au lieu de chuter de 40%, la production mondiale devrait exploser, portée par l’offre américaine.
Selon la dernière évaluation nationale du climat aux Etats-Unis, les risques auxquels les États-Unis sont confrontés en raison du changement climatique, sont notamment des températures plus extrêmes, de fortes marées, de fortes pluies, des érosions côtières, des feux de forêt, ou encore la détérioration de la qualité de l'air.
En plus de ces impacts néfastes, l’évaluation indique que les pays pauvres continueront d'être les plus durement touchés par le changement climatique et seront désavantagés lorsqu'il s'agira de gérer ces impacts. Par ricochet, les évènements comme les inondations au Mozambique, il y a quelques mois, devraient se reproduire sur le continent africain et seront principalement les dommages collatéraux de la pollution des pays les plus industrialisés.
Les évènements comme les inondations au Mozambique, il y a quelques mois, devraient se reproduire sur le continent africain et seront principalement les dommages collatéraux de la pollution des pays les plus industrialisés.
Il convient de rappeler que l’évaluation nationale du climat aux Etats-Unis prévoit que, dans un scénario où le monde ne parvient pas à atténuer les effets du changement climatique, les dommages liés au coût pourraient dépasser 500 milliards de dollars par an d'ici 2090.
Olivier de Souza
Par Ecofin Hebdo
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