Après la rue, la contestation hongkongaise s'installe aux balcons

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Des militants prodémocratie tentent de bloquer certaines rames de métro et des trains, à Hongkong, le 2 septembre. 
Tous les soirs à Hong Kong, à partir de 22 h, des cris et des chants antigouvernementaux résonnent
depuis le balcon des immeubles. Une nouvelle forme de protestation, qui permet aux manifestants de se protéger de la répression policière.
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À Hong Kong, l’annonce du retrait du projet de loi d'extradition n’a, semble-t-il, pas suffi à faire taire le mouvement de désobéissance civile qui dure depuis 12 semaines. Toujours déterminés, les manifestants prodémocratie se donnent désormais rendez-vous quotidiennement, vers 22 heures, sur leur balcon d’immeuble ou de résidence universitaire pour crier "Libérer Hong Kong, la révolution de notre temps". Des chants, des cris et des revendications qui se font écho de rue en rue, de quartier en quartier.
Sur plusieurs vidéos relayées sur Twitter depuis fin août, on peut entendre "Ga Yao" – une expression cantonnaise qui signifie littéralement "Ajoutez de l’huile" – pour appeler "à faire plus de bruit".
"Chaque soir à 22 h, nous ouvrons notre fenêtre et entendons toujours une femme qui crie 'Hong Kong !', raconte à France 24 un résident de l'ancienne colonie britannique âgé de 40 ans et préférant garder l'anonymat. Pour lui, ces appels – qui ont également été entendus mercredi 4 septembre après l'annonce du retrait du projet de loi – prouvent que "les Hongkongais refusent toujours de se taire".
"C'est une façon d'exprimer leur solidarité avec le mouvement de contestation", qui a vu le jour sur le forum LIHKG – particulièrement suivi par les protestataires, précise le quadragénaire. Plusieurs publications invitent la population à des concerts nocturnes et gratuits avec, en guise de dress code, un pyjama.
"Mes voisins aussi sont en quête de plus de démocratie"
C'est également le sentiment éprouvé par Alice, une jeune résidente de 24 ans installée dans le quartier de Hang Hau. "Je vis ici depuis deux ans et je n'ai jamais pris le temps de faire connaissance avec mes voisins, indique la jeune fille interrogée par Reuters. Je suis contente de savoir qu'eux aussi sont en quête de plus de liberté et de démocratie. Cela montre que nous sommes unis."
Ces chants de révolte ont été utilisés pour la première fois en Iran en 1979, lors de la révolution iranienne, lorsque des habitants de Téhéran défiaient les couvre-feux en criant "Allahu Akbar" ("Dieu est grand") depuis leurs toits, mais aussi en 2009 après la réélection de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad.
L'engouement pour la révolution des balcons est tel qu'aujourd'hui, elle ne se limite pas seulement aux fenêtres des habitations. "Un 'Ga Yao' a déjà été entendu dans un centre commercial, un métro et aussi un bateau", relate le résident hongkongais.
Éviter la répression policière
Pour Carine Milcent, professeure d’économie au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), cette évolution dans la contestation est aussi une façon de se protéger des forces de police. "Depuis cet été, la violence est montée d'un cran, note la spécialiste de la région interrogée par France 24. Entre la violence lors des manifestations et celle des triades [bandes criminelles présentes à la fois à Hong Kong et sur le continent, NDLR] téléguidées par Pékin, les gens ont peur d'être arrêtés et d'être marqués à vie."
Les Hongkongais gardent en mémoire ce qui s'est passé il y a cinq ans. "Les personnes interpellées lors du mouvement des parapluies ont été fortement sanctionnées, et n'avaient plus aucune chance par la suite de faire carrière", poursuit Carine Milcent. Depuis le début de la gronde, plus de 850 personnes ont été interpellées dans l'ancienne colonie britannique.
Les manifestants exigent désormais une enquête sur le comportement de la police, une amnistie pour les protestataires arrêtés et la fin de l'emploi du mot "émeutiers" pour qualifier les manifestants. Mais la cheffe du gouvernement Carrie Lam a opposé une fin de non-recevoir. Pour l'heure, la discrétion reste de mise à Hong Kong.
France 24




 
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